Présentation des sessions > Session 8: Dedans, dehors et au-delà: routes et hôtes

Session 8: Dedans, dehors et au-delà : routes et hôtes

 Samedi 24 juin, 11h30-13h00

Animé par : Céline Bergeon

Sarah Przybyl: D’États en états : l’expérience de la double transition des mineurs isolés étrangers

Figure inattendue des flux migratoires internationaux contemporains, les mineurs empruntent les routes migratoires pour rejoindre l’Europe en l’absence de leur représentant légal. Au cours de leur voyage, ces enfants et adolescents vivent des expériences individuelles et collectives plurielles. Le mouvement géographique qui conduit les jeunes de leur pays d’origine jusqu’en France se double d’une transition vers un nouveau statut social caractérisé par une autonomisation croissante, et se teinte du nouveau regard que leur entourage (pairs, famille) porte sur eux. Les représentations qui entourent ces jeunes brouillent pourtant l’appréhension de leur subjectivité et freinent la reconnaissance de leur capacité à être les acteurs d’une migration dont ils sont les protagonistes. En outre, l’arrivée en France bouleverse l’ordre de ces changements individuels. Une fois pris en charge par les services de protection et en accord avec leur statut de mineur en danger, ces jeunes doivent endosser une posture d’adolescent pour correspondre aux attentes de l’administration et de l’institution. À partir d’entretiens semi-directifs et de court-métrages réalisés par des mineurs enquêtés dans des institutions de protection, ma contribution suit le parcours migratoire de mineurs isolés étrangers pour interroger la correspondance entre changement d’États géographiques avec celui d’état social. En mobilisant le cas de mineurs enquêtés, je démontrerai la permanence du processus de transition dans lequel ils s’inscrivent au risque de ne jamais pouvoir réellement vivre une jeunesse ordinaire à laquelle ils aspirent. Mon propos montrera que l’expérience de la jeunesse des mineurs se trouve profondément entravée par les impératifs administratifs et institutionnels visant à garantir leur régularisation à l’âge adulte.

 

 

Beatrice Scutaru: Stigmatisation et construction identitaire : Les migrants roumains en France et en Italie

À partir d’une centaine entretiens réalises en Pays-de-la-Loire (France) et le Veneto (Italie) , je souhaite analyser comment les migrants Roumains perçoivent et présentent leurs parcours migratoires. Depuis 1990 et la chute des régimes communistes, la Roumanie est devenue un des principaux pays source pour les migrations intraeuropéennes. Aujourd’hui, plus de 3 millions de Roumains vivent et/ou travaillent à l’étranger. Ceci n’est pas vu d’un bon œil dans les pays de destination où ils sont régulièrement associés, dans les discours publics, à la peur et à la délinquance. Les migrants Roumains ne bénéficient donc pas d’une image très positive en Europe. Tous les témoins en sont conscients et affirment avoir été, à un moment ou à un autre, victimes de discriminations. C’est pourquoi, cette présentation veut examiner comment les réponses à la stigmatisation influencent la construction des récits migratoires, de l’identité des migrants. Quels aspects choisissent-ils d’aborder et de quelle manière ? Sur quels points insistent-ils et quels autres passent-ils sous silence ? Par ailleurs, cette étude permet d’analyser les stratégies de reconstruction des récits des migrants roumains dans une perspective comparative. L’analyse à l’échelle locale – en France et en Italie – permettra aussi de prendre en considération les spécificités régionales : politique, niveau économique, nombre de migrants roumains (très important en Italie et beaucoup moins en France), etc.

Sources : principalement des entretiens semi directifs réalisés par l’auteure, statistiques nationales et locales, médias, archives privées.

 

Moussa Traore: Spacio-temporality in Dany Laferrière’s Pays sans chapeau and l’Énigme du retour: A Crafty Imbrication of Virtual Ecotone and Global Nodal Space.

This paper takes a critical look at the novel manner in which Dany Laferrière weaves personal, collective and multifaceted imaginary spaces in which his narrator lives, while highlighting the erasure of such an imaginary world through a return to the physical tangible native country. In l’Énigme du retour (2009), the narrator carves for himself a universe in which he resides quasi-comfortably and tumultuously in order to escape the fact that his father just passed on, on the same land where both of them had been living, as Haitians exiled in Canada. In Pays sans chapeau (2007), the focus is on the anti-thesis of the imaginary characteristics of life in Quebec, through Laferrière’s narrator: the realities of life back home and the changes that settled during the several decades of absence. The notion of ecotone is therefore of paramount importance in this work, where it is used to mean ‘the virtual space between the universe that the narrator created in those two novels and the physical native land, Haiti’. The thrust of this paper is therefore twofold: firstly, to unveil and dissect the various literary features that the author uses in his construction of the ecotone, which is represented as a complex and impressive dream land where sorrows, fears and sadness are nullified and secondly, to securitize the various multiple components of the nodal space which, in this paper is the mutations or changes that the geopolitical order of the world terms as the north and the south, or the east and the west. The north or west (Canada and Quebec here) which was hitherto synonymous with happiness and abundance is surprisingly reduced to need, want, fear, suppression of sad realities and feelings, as the narrator’s life in l’Énigme du retour shows. The south or east (Haiti in this case) which was associated with all negative traits now has ‘sophistication’ and opulence, although such good assets lie in in the hands of the few agents of imperialism and its local allies as Pays sans chapeau reveals. The theoretical framework guiding this work is the Diasporan Cultural and Literary Theory, propounded by Raphaël Confiant et al. in In Praise of Creoleness (1993) where the physical and virtual distance between the Francophone Black Diaspora in the Caribbean on the one hand and continental Africa on the other hand are explored and analyzed as unifying factors, not as a gap or fissure

Personnes connectées : 1