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Session 6: Migration et Transition dans les cultures visuelles

Vendredi 23 juin, 15h15-16h45

Animé par Fabienne Lehouerou

Sabina Barone: Gazpacho Agridulce: Translocal Sino-Adalusian Identifications in Quan’s Comic Strips

Gazpacho Agridulce is an imaginary recipe which mixes popular Spanish tomato soup (gazpacho), widely consumed throughout the country during summer and especially associated with Southern Andalusia region, with the “sweet and sour” (agridulce) taste typical of Chinese cuisine. This expression was coined in 2013 by young cartoonist Quan Zhou Wu (artistic name: Quan), born and brought up in Andalusia to Chinese parents of Qingtian County (Zhejiang Province), as ironic metaphor for her identity and as title for her comic strips. Her graphic production is available in social networks and hosted in migration-thematic blog Migrados (Migrated) of Spanish national newspaper El País. Gazpacho Agridulce is also the title of Quan’s autobiographic comic book (2015).

Graphic novels are a relevant field to study transnational identification processes (Miller, 2007; McKinney, 2013; Wagner, 2016). Cartoons’ visual and textual density (Tsakona, 2009), overlapping temporal dimensions and depiction of ‘embodied selves’ (El Refaie, 2012: 49) are resourceful means of portraying complex identifications. I will analyse how nation and gender are played out in Quan’s comic strips. They present a humorous narrative of translocal and hybrid identifications, strategically adjusted according to context and interlocutors. Age and intergenerational dialogue are also relevant in the construction of her perspective. I argue that, through ironic destabilisation of stereotypes and ethnic humour, she adopts a gendered position of multiple translocal identifications which constitutes an example of a new vernacular of Spanish belonging. The presentation will use a multimodal format to highlight the plurality of communicative strategies adopted by Quan’s visual narrative.

 

Markus Arnold: Entre stylisation onirique, naturalisme expressif et satire sociale: comment dire l’expérience migratoire dans la bande dessinée contemporaine ?

La notion du déplacement, du transnational, de la migration accompagne la bande dessinée depuis ses débuts, soit d’un point de vue thématique soit en raison des expériences propres des créateurs. L’exposition « Albums : des histoires dessinées entre ici et là » (2013) au musée de l’histoire de l’immigration à Paris en témoigne. Avec l’avènement d’une certaine production engagée, postcoloniale et interculturelle dans le médium depuis une dizaine d’années – ouverture liée à des phénomènes sociaux de même qu’à des évolutions au sein du Neuvième Art –, le sujet gagne récemment en visibilité et complexité, apparaissant sous des perspectives esthétiques et stylistiques innovantes. Comme pour d’autres sujets sensibles et controversés (la violence, la guerre, la colonisation, le génocide…), se pose donc la question de l’éventail artistique, de la justesse testimoniale, de la pertinence critique de la bande dessinée sur l’expérience migratoire.

Cette communication propose une présentation et discussion critiques d’une sélection d’œuvres de diverses origines (France, Belgique, Gabon, Australie, États-Unis) qui mettent en scène des phénomènes contemporains de migration individuelle ou collective : La vie de Pahé (Pahé 2006, 2008), The arrival (Shaun Tan 2007), "Les passages" (Jean-Philippe Stassen 2007), "The Unwanted" (Joe Sacco 2009), Droit du sol (Charles Masson 2009), Krrpk (Bill 2012, 2014), Nègres jaunes et autres créatures imaginaires (Yvan Alagbé 2012), Les Ombres (Vincent Zabus et Hippolyte 2013). On interrogera l’effet sensible et esthétique de ces différentes approches scénographiques, évaluera leur portée politique et identitaire tout en dégageant des schémas narratifs et discursifs récurrents. Il s’agira ainsi d’analyser où reposent les potentialités, et les éventuels écueils, dans la représentation des subjectivités migrantes dans ce mode d’expression artistique.

 

Christine Larrazet, Isabelle Rigoni: Dire et voir la migration. Une expérience de photo elicitation

Cette communication rend compte d'une expérience menée au sein d'un projet de rassemblement de témoignages migratoires en utilisant la sociologie visuelle pour éliciter le témoignage de migrants, au plus près de leurs subjectivités, et les rendre visibles dans l'espace public. A la narration du parcours d'un jeune migrant recueillie lors d'une première interview semi-structurée, nous avons ajouté une seconde étape d'interview qui s'est appuyée sur ses propres photographies captées au fil de son parcours erratique de la Guinée à la France. Cette étape ajoutée emprunte à plusieurs techniques des méthodes visuelles - photo elicitation et photovoice (Douglas Harper, Visual Sociology, Routledge, 2012) - avec ceci de particulier qu'elle utilise les photographies prises en amont par le migrant, au départ de son pays, et celles prises sur sa route. Notre communication s'appuiera sur la diffusion d'un montage audioslide show (passages audio de ces entretiens associés aux photographies du jeune homme), qui cherche à rendre visible et audible son parcours migratoire au plus près de sa propre perception. De ses mots et images ressortent en particulier l'épreuve de la "désorientation" géographique, d'espaces transitoires en espaces transitoires non voulus. Son projet de route, ré-orienté de multiple fois sous la contrainte violente ou le hasard parfois heureux, mais jamais par choix, a conduit à une inévitable désorientation psychologique et une réorientation sociale courageuse.

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