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Catherine Mazauric

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Professeure de littérature contemporaine d’expression française à Aix-Marseille Université, Faculté ALLSH, directrice adjointe du CIELAM (EA 4235 Centre interdisciplinaire d’étude des littératures d’Aix-Marseille), Catherine Mazauric a exercé auparavant en Afrique de l’Ouest (Mali, Cap-Vert, Sénégal) et à l’Université Toulouse-Jean Jaurès. Ses travaux portent sur la lecture littéraire, les littératures francophones et africaines et les relations entre littérature et migrations. Elle a notamment publié Mobilités d’Afrique en Europe (Karthala, 2012), Littératures et migrations transafricaines (Etudes littéraires africaines 36/2013) avec Alioune Sow, et, avec Cécile Canut, La Migration prise aux mots. Mise en récits et en images des migrations transafricaines (Le Cavalier bleu, 2014).

 

Titre de la conférence: Récits de migration et espaces frontaliers


Représenter, raconter, figurer les expériences en bordure de personnes migrantes, c’est, dès lors que l’on est un tiers (chercheur, artiste ou écrivain), devoir interroger sa propre position de seuil. Donner à voir et à lire ces expériences, c’est affronter une double contrainte : en s’effaçant du récit pour donner toute sa place à l’autre, on peut le soumettre au régime de la représentation, se retrouver à régner en romancier invisible sur son histoire.
Divers récits « en lisière » déclinant régimes de fictionnalité et dispositifs de représentation et d’énonciation ont tenté de répondre à ce questionnement depuis une vingtaine d’années. Ici nous envisagerons un exemple principal. Arno Bertina (écrivain) et Anissa Michalon (photographe) font paraître en 2013 Numéro d’écrou 362573, livre associant un « court roman » à un travail photographique auprès de « la communauté malienne de Montreuil ». Le dispositif ainsi engendré (agrégeant encore d’autres éléments : blog et articles scientifiques notamment) conjoint entre autres deux degrés d’implication de tiers, deux modes de représentation et deux espaces de référence, ces derniers tous deux liminaires : différentes communes de la périphérie parisienne, et le cercle de Kolokani au Mali. Inspiré par le parcours d’un jeune homme arrivé en France à l’âge de vingt ans, en 1990, et qui y est décédé au milieu des années 2000, ce dispositif imprime à la réalité un ensemble de transpositions et de déplacements. Le récit de deuil que l’on peut y déchiffrer en palimpseste se transmue en « Livre des morts » et d’accompagnement. L’hypothèse est que la nature mixte et flottante du dispositif rend compte de façon éthique du positionnement nécessairement mobile et toujours insatisfaisant des tiers au seuil, et que ce dispositif, en instaurant un régime de transition, permet de figurer et de transmettre au moins partiellement quelque chose d’une expérience partagée.

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